Avec Flight CNCLLD, nous avons eu l’occasion d’entrer dans l’univers d’un groupe qui s’affirme avec son nouvel album, Safety Wire. Plutôt qu’un simple enchaînement de morceaux, c’est une véritable œuvre construite autour d’une identité forte et de thématiques profondes. L’entretien met en lumière leur manière de composer, leurs inspirations, mais aussi leur volonté de proposer quelque chose de sincère et personnel. Une plongée au cœur de leur processus créatif, où l’on découvre un groupe qui assume pleinement son style et sa vision.
Bonjour, on est ici avec Flight CNCLLD, comment allez-vous ?
Mars – Très bien.
Flo – Super.
On est là pour parler de votre album Safety Wire qui sortira le 17 octobre prochain. On a déjà pu découvrir un premier extrait, Skin Crawl. Pourquoi avoir choisi ce titre pour présenter non seulement l’album, mais aussi le projet ?
Flo – Bonne question, je ne sais même pas si à la base on avait vraiment choisi celui-là en premier. On avait choisi le deuxième, qui va sortir bientôt. La raison pour laquelle on s’est dit ensuite que celui-là serait pertinent, c’est qu’il y a directement une patte, l’essence du groupe qui est là. Dans les 15-20 premières secondes, on capte un peu le délire. Tout va tourner autour de ça : du riff un peu djenty, de l’électro, ça groove un peu.
Mars – Et des rythmes syncopés inhabituels dans le style.
Flo – Ça révèle un peu tout ce qui va se passer, l’essence du groupe quoi.
Mars – C’est ça, et puis il y a un côté direct : tout arrive avec du cri par-dessus, on est projetés là-dedans et on se demande ce qu’il se passe. Et puis, ce n’est pas pour rien non plus : c’est aussi la première track de l’album.
Flo – Oui, c’est accessoirement la première track du projet. Et c’est vraiment ce premier riff qui a tout défini. On s’est dit : «Non, en fait c’est ce riff-là qu’on doit décliner, c’est cette vibe qu’on doit garder pour les autres morceaux.»
Est-ce que vous avez des influences particulières sur cet album ?
Flo – Oui, beaucoup, énormément.
Mars – Ce qu’on a en commun à la base, c’est deux aspects : le côté métal progressif moderne, qu’on a pas mal écouté et même pratiqué (toi dans des groupes plus établis, et moi plus discrètement, localement), et aussi une passion commune pour le rock alternatif/émo, avec toute sa mélancolie et ses mélodies. Et puis au-delà de ça, il y a d’autres influences. Toi notamment, tu as des influences plus hip-hop.
Flo – Oui, plutôt trap en fait. Hip-hop, c’est un mouvement, donc je n’emploie pas trop ce terme, par respect pour la culture. Mais trap, oui : des instrumentales trap, un peu « urbaines ». Enfin, tout ce qu’on colle au mot « urbain » – qui veut tout et rien dire – mais avec cette vibe particulière. Je t’avais dit à la base que je voulais faire un mix de Carnival et de PNL. Alors, ça ne ressemble pas vraiment à PNL au final, plus à Carnival, mais je voulais cette influence cloud. On la retrouve aussi dans la deuxième « version » du projet, la double facette dont on parlera.
Mars – Ce qui est original, c’est que moi je n’écoutais pas du tout PNL et toute cette vague-là. Ce n’est pas ma came, mais j’ai compris ce que tu voulais amener. Parce que dans le métal moderne, le rap qu’on retrouve est souvent old school, années 90-2000, rapide et soutenu, ou alors des influences fusion/néo-métal. Nous, on voulait pousser plus loin, aller vers quelque chose de plus emo-rap.
Flo – Mais emo-rap au sens large, pas forcément du rap. Dans l’emo-rap, on classe autant Lil Peep que des trucs qui ressemblent presque à du Blink-182, avec une touche électro-urbaine.
Mars – Oui, c’est plus moderne.
Flo – Donc voilà, on s’écarte un peu du sujet, mais nos influences vont du rap/trap/urbain au djent, en passant par tout le métal moderne.
Mars – Dès qu’on joue sur plus de 6 cordes, de toute façon, il y a du djent.
Comment vos différentes influences ont influencé votre processus de création ?
Flo – On a mis pas mal de temps à trouver notre truc. Les premières démos étaient trop fusion néo, trop « néo 2.0 ». Mais Skin Crawl, la première chanson qu’on a faite, venait en fait d’un autre guitariste, Enzo, avec qui j’avais lancé le projet au départ. Il n’a pas pu continuer, mais il avait sorti 2-3 riffs, dont celui-là.
Mars – Mais ce sera une influence pour toujours.
Flo – Oui. Et ensuite, on a construit autour : des rythmes un peu afro/latins, des percus, mais avec de grosses claques à la Meshuggah. Moi je fais le beatmaking et les rythmiques, et toi tu poses les guitares. On teste les mélodies ensemble, assez organiquement, en passant des heures à bosser côte à côte comme des gamins. Pas de Wetransfer, juste du travail en direct.
Mars – Et nos compétences sont complémentaires. Toi, tu maîtrises la rythmique, moi je suis un nerd d’harmonie et de théorie musicale. Du coup, à chaque creux, on a toujours de quoi contrebalancer. Et ça marche bien.
Du coup, je vais en venir aux deux versions de l’album. Pourquoi cette idée de version “cloud” ?
Flo – C’est venu de moi. À la base, c’était pour combler un manque artistique : je voulais tout mettre dans FLIGHT CNCLLD, mais sans en faire un patchwork incohérent. L’idée, c’était de flirter avec des styles sans jamais tomber dedans complètement. Et ce côté cloud collait bien : sensible, planant, émo, proche de Leprous ou Porcupine Tree. Avec la trap et le rap moderne que j’écoute, qui sont souvent vaporeux, ça me paraissait cohérent. Je voulais d’abord sortir ces morceaux progressivement comme du contenu additionnel, mais avec l’avis de notre éditeur, c’est devenu un vrai double album, un miroir.
Mars – Alors qu’au départ, c’était juste censé être du bonus.
Flo – Oui, mais on s’est dit que ça avait du sens artistiquement. On est à l’ère des singles, et nous on sort un double album de 20 titres. Tant pis si les gens passent à côté de la moitié, au moins c’est une vraie carte de visite.
Mars – Et j’aimais bien le concept, parce que ça se faisait peu. Linkin Park avait fait un truc similaire avec Reanimation. Ça montrait une autre facette du groupe. Là, on voulait aussi montrer cette ambivalence.
Flo – Au début, nos versions cloud ne marchaient pas, ça partait trop loin, limite reggaeton. Alors on s’est recentrés : cloud = émo, lent, planant.
Est-ce que vous avez déjà commencé à travailler l’adaptation de ces albums miroir sur scène ?
Flo – Oui, on a commencé les répétitions. On ne va pas tout dévoiler, mais certains éléments cloud seront intégrés. Ça restera du gros rock/métal/djent/électro, mais avec des passages plus sub hip-hop, pour donner un aperçu de cette autre facette.
Mars – Oui, ça sera incorporé de manière ponctuelle dans le set, mais ça reste globalement du rock/métal.
Quelle émotion, quel message vous souhaitez que les gens retiennent après avoir écouté l’album ?
Flo – J’aimerais que ce soit beau, bien produit, agréable à écouter. Que ça parle autant aux musiciens qu’à ma mère. J’adore la pop, même mainstream comme Rihanna ou Taylor Swift, et en même temps le prog ou le grind. Je veux que ce soit accessible, mais avec de la profondeur.
Mars – Moi, j’aimerais que les gens aient l’impression d’avoir trouvé quelque chose qui leur manquait. Que ce soit une évidence. Et puis, mes parents adorent FLIGHT CNCLLD, c’est peut-être le projet qui leur parle le plus parmi tout ce que j’ai fait.
Flo – Donc voilà, on veut toucher aussi bien les passionnés que nos proches.
Mars – Exactement ! [rires]
Merci beaucoup pour votre temps !
Flo – Merci à toi !
Mars – Merci !





