Figure incontournable du death metal, Kataklysm était aussi présent au Motocultor Festival, où nous avons pu échanger avec eux. Forts de plus de trente ans de carrière, ils n’ont rien perdu de leur énergie et de leur sincérité. L’interview a permis d’aborder la longévité du groupe, leur rapport avec une scène extrême en perpétuelle mutation, mais aussi le lien indéfectible qu’ils entretiennent avec leur public. Un moment privilégié avec des vétérans qui continuent de faire trembler les scènes du monde entier.
Bonjour tout le monde, on est ici avec Jean-François du groupe Kataklysm. On est au Motocultor. Vous jouez dans quelques heures sur scène. Comment tu te sens ? Excité ? Un peu stressé ?
Oui, on est excités, parce qu’on avait joué au Motocultor il y a déjà une dizaine d’années. On est super contents d’être de retour. On avait hâte, parce qu’on adore jouer en France. Pour nous, c’est comme jouer devant les cousins. L’expérience est toujours un peu familiale. C’est vraiment bien de pouvoir revenir. En plus, on est contents d’avoir la chance d’être bien placés dans la journée, sur la grosse scène. On est très excités.
En 2023, vous avez sorti l'album Goliath. Est-ce qu'on peut s'attendre à quelque chose prochainement? Est-ce qu'il y a quelque chose en préparation?
Oui, on a sorti Goliath en 2023. On a eu une super bonne réponse. On n’a pas encore commencé à écrire de nouvelle musique, mais on a sorti un single le mois passé qui s’appelle The Rabbit Hole. C’est une chanson un peu out of the box qu’on a décidé de faire. C’est d’actualité, avec des sujets de conspiracies et tout ce qui se passe un peu dans le monde en ce moment. On regarde beaucoup les infos, on se pose des questions… et cette chanson, c’est par rapport à ce questionnement-là. Mais ce n’est pas sur un album, c’est juste un stand alone single. Le prochain truc qu’on va faire, c’est qu’on a décidé d’annuler tous nos festivals l’été prochain pour se concentrer sur l’écriture d’un album, un super album. On s’est dit : on va aller tous ensemble dans la même pièce et l’écrire ensemble, parce que ça fait quelques années qu’on ne fait plus ça. On habite dans des villes différentes, on se voit pas beaucoup, donc on compose à distance, on s’envoie des fichiers… Là, on a décidé de prendre un appartement en Floride. On a déjà trouvé le spot, avec un acre de terrain dans la forêt. On va se mettre ensemble et écrire l’album. On va essayer de faire le meilleur qu’on ait jamais fait. On est vraiment minded à donner notre maximum, et on verra ce que ça donnera. Mais ça, ce sera l’été prochain, pour prévoir une sortie vers la fin de l’année ou au début de l’année suivante.
Eh bien, j'ai hâte d'entendre ça.
Oui, merci.
Tu parlais du fait de tous vous retrouver pour composer ensemble dans la même pièce. J'ai vu que vous aviez eu pas mal de changements de line-up. Comment est-ce que ça influence vos compositions au fur et à mesure des années ?
C’est sûr que si tu changes un membre, ça change toujours un peu la dynamique. Nous, chez Kataklysm, on a toujours eu un son spécifique : la manière dont je joue la guitare, la voix de Mauricio qui est très particulière, la basse… On a eu plusieurs batteurs au fil des années. Ça a été dur de trouver la bonne personne, parce que musicalement c’est une chose, mais être sur la même longueur d’onde dans la vie personnelle, c’est pas toujours facile. Dans un groupe, c’est comme un mariage : quand ça va pas, ça va pas. Mais là, avec notre nouveau batteur James, même s’il est plus jeune que nous, c’est comme si on avait le même âge. On s’entend à 100% sur tous les sujets. C’est vraiment bien, c’est comme s’il faisait partie de la famille. Musicalement et en dehors de la musique, c’est un gars qu’on aime beaucoup. Je crois que l’esprit de famille est vraiment là. C’est pour ça que je sens que le prochain disque va être vraiment cool.
Encore une fois, on a hâte d'entendre ça. Surtout avec ce que tu viens de nous dire.
Pour toi, quel est le mix idéal ? Est-ce que ce serait plus brutalité absolue ou quand même avec un équilibre mélodique ?
Nous, on est super ouverts d’esprit quand il s’agit de musique. On travaille pour la chanson. Peu importe ce qu’elle demande, même si c’est différent, on n’hésite pas à amener de nouveaux éléments. Je crois que c’est ça qui fait que Kataklysm est toujours un peu une surprise à chaque album. Les gens ne savent pas dans quelle direction ça peut aller, et on aime ça comme ça, garder ça ouvert. C’est sûr que le son de base du groupe restera toujours le même, mais on incorpore plein d’éléments. On aime s’aventurer, on n’aime pas rester enfermés dans une petite boîte.
Est-ce qu'il y a des artistes ou des albums qui t'influencent, qui ne sont pas du metal ?
Oui, j’écoute plein de trucs, peu importe le genre. Je suis un grand fan de Deftones, qui n’est pas vraiment du métal traditionnel, mais j’aime leur musique. J’aime bien Radiohead aussi, des trucs plus trippy. Après, j’aime les classiques : Iron Maiden, les vieux Metallica, Slayer… J’adore ça aussi. Et il y a les trucs modernes comme le Deathcore, le Djent, qui sont super cools. Mais quand j’écris un album, je pense pas à tout ça. Je m’assieds avec ma guitare, je commence à jouer et je vois ce qui sort. Quand il y a une idée qui est bonne, on développe dessus et on fait le meilleur possible.
Est-ce qu'il y a une chanson qui, selon toi, représente le mieux Kataklysm?
C’est super dur, on me l’a déjà posée. Il y en a tellement. Je pourrais te citer une plus ancienne : Like Angels Weeping the Dark, de l’album In the Arms of Devastation. Après, il y en a plein de récentes que j’adore : Dark Wings of Deception, la première de Goliath. Underneath the Scars, de l’album d’avant, qu’on va jouer ce soir, est vraiment cool aussi. Donc ouais… c’est difficile.
Est-ce que tu as un moment live dans ta carrière qui t'a particulièrement marqué ?
C’est sûr que quand on joue des gros festivals comme ça, c’est toujours impressionnant. Même pour des gars comme nous, qui faisons ça depuis longtemps. Arriver sur scène devant 20 000 personnes, ça fait toujours quelque chose à l’intérieur. Je me souviens quand j’étais au secondaire, je jouais la guitare tout seul dans ma chambre chez ma mère. Le chemin parcouru depuis… je trouve ça incroyable. Et aussi d’avoir visité tellement de pays dans le monde, c’est génial d’avoir eu cette chance. On a vraiment été partout sur la planète. C’est une expérience incroyable.
Et ma dernière question : est-ce que tu as un message pour tes fans?
Oui. Un gros merci pour le support. Je trouve ça génial qu’album après album, même en vieillissant, on ait toujours nos fans qui nous suivent, et de plus en plus de jeunes qui se rajoutent à la famille. Tu sais, tu as toujours cette question en tête : on va sortir un nouvel album, est-ce que les gens vont aimer ? Est-ce qu’ils vont encore nous soutenir ? Et à chaque fois, la surprise, c’est que oui. On a le soutien des fans, et je trouve ça incroyable. Alors juste un gros merci de continuer à nous suivre dans nos folies année après année.