Au Motocultor Festival, nous avons eu le plaisir de rencontrer Tesseract, groupe phare de la scène progressive moderne. Avec leur dernier album War of Being, ils continuent d’explorer des sonorités immersives, complexes et profondément émotionnelles. L’entretien a été l’occasion de revenir sur leur rapport à la scène, sur la manière dont ils transforment leurs morceaux pour le live, mais aussi sur leur vision de la créativité et de la connexion avec le public. Une rencontre avec des musiciens à la fois exigeants et passionnés, qui repoussent sans cesse les limites du metal progressif.
Salut à tous, nous sommes aujourd’hui avec Tesseract au Motocultor Festival ! Comment ça va ?
James – Très bien !
Dan – Ouais, pas mal. On fait beaucoup de choses !
Vous jouez dans quelques heures, comment vous sentez-vous ? Excités ? Nerveux ?
James – Excités, non ?
Dan – Ouais, je dois bientôt me préparer. Je commence à être un peu stressé.
James – Oh, wow, c’est bien.
Dan – Maintenant j’ai hâte. La dernière fois qu’on a joué ici, il y avait une énorme tempête de sable dans le pit, tellement de poussière qu’on ne pouvait plus respirer sur scène. C’était dingue. Alors j’espère qu’on n’aura pas ça aujourd’hui.
Ça a l’air d’aller cette fois, haha !
En live, vous avez vraiment une super réputation. Selon vous, qu’est-ce qui rend un concert vraiment mémorable ?
Dan – L’atmosphère et l’énergie, mais ça doit être réciproque. Il faut qu’il y ait cette symbiose entre le groupe et les fans. Si les deux sont connectés, on peut atteindre une énergie vraiment spéciale. Pour nous, c’est très important.
Y a-t-il un moment live récent qui vous a particulièrement marqué ?
James – À notre dernier concert, en fait. Le Resurrection Festival était génial. C’était en Espagne, le public était incroyable. On avait notre nouvelle production – qu’on a peut-être aussi aujourd’hui d’ailleurs. Je ne sais pas trop, mais je crois qu’on l’a ici et que c’est la première fois qu’on la teste en festival. La réaction du public a été super. C’était vraiment fun d’avoir une nouvelle mise en scène, et ouais, c’était top.
Dan – Pour moi, c’était en Italie lors de notre dernière tournée européenne. On a joué dans une grande salle de concert, et je me souviens qu’au milieu du set, tout le monde a sorti les lumières de téléphone. Toute la salle scintillait. On n’avait jamais eu ça là-bas. Mais ils étaient à fond dedans. Donc ouais, la France doit être à la hauteur maintenant !
Ça a l’air incroyable !
Qu’aimeriez-vous que le public ressente en quittant un concert de Tesseract ?
Dan – Personnellement, j’aimerais juste qu’ils se laissent emporter, qu’ils en profitent et qu’ils se connectent à la musique comme ils le veulent. Certains aiment partir dans le mosh, d’autres préfèrent fermer les yeux et enlacer leur partenaire. C’est un set très émotionnel, mais tant que les gens repartent en ayant passé un bon moment et en se disant « c’était vraiment cool aujourd’hui, je veux les revoir », pour nous c’est gagné.
James – Oui, et qu’ils disent à leurs potes « hey, c’était génial, venez la prochaine fois ».
Dan – « Et ramenez trois amis en plus », ouais.
[rire]
Vos morceaux sont à la fois complexes et accessibles. Comment trouvez-vous l’équilibre entre technicité et mélodie ?
Dan – Parfois ça vient plus facilement que d’autres. J’ai tendance à être la colle. La musique peut être assez complexe et j’essaie de la rendre compréhensible pour l’auditeur, en créant une mélodie par-dessus. La combinaison des deux, c’est juste… une belle combinaison. Mais oui, c’est difficile à écrire. C’est une musique très technique et parfois c’est dur de transmettre ce côté instinctif, ce groove qui te fait hocher la tête, parce qu’on n’a pas vraiment ça. Alors c’est souvent là que j’interviens, en essayant d’être le « cheerleader », de montrer aux gens comment apprécier la musique d’une façon plus intuitive, comme pour des choses plus simples à comprendre.
Tu disais que tu es la colle. Est-ce que vous composez tous ensemble ? Quel est votre processus créatif ?
Dan – Oui, on compose ensemble. On discute beaucoup plus qu’avant. Ça a pas mal changé. Dès la naissance d’une idée, on échange davantage sur la direction qu’on veut prendre, on essaie de mieux comprendre ce dont la musique a besoin au lieu de tout forcer dans un morceau. On regarde plutôt ce qu’on peut retirer, simplifier, parce qu’on a tendance à en faire trop parfois, à superposer des choses inutiles. Je pense qu’on devient de meilleurs compositeurs en comprenant que parfois « moins, c’est mieux ».
Quel rôle jouent les atmosphères et textures sonores dans votre processus créatif ?
James – Eh bien, assez souvent, surtout quand Acle arrive avec des idées. Avec lui, c’est le riff et la manière dont il fonctionne avec les différentes couches. C’est toujours important, parce qu’un riff reste un riff, mais je crois qu’une grande partie du son de Tesseract n’est pas juste ce riff. C’est le contraste entre l’ambiance et quelque chose de plus délicat face à quelque chose de dur. Donc oui, mélanger ces deux éléments assez tôt est une clé essentielle.
Y a-t-il une chanson qui, selon vous, représente le mieux l’âme de Tesseract ?
James – Je pense que War of Being est la plus représentative de là où nous en sommes aujourd’hui. C’est le titre éponyme, il y a un peu de tout dedans, et il est probablement très long aussi.
Tu es d’accord ?
Dan – Oui, je suis d’accord. On a trouvé une nouvelle énergie avec cet album. Je suis vraiment content, c’est très motivant. Et on est excités d’écrire plus. D’ailleurs, après ces prochaines semaines, on va se remettre à composer de la nouvelle musique.
Ça a l’air super ! J’ai hâte d’entendre ça !
Dan – Nous aussi !
James – J’espère que ça sortira plus tôt que prévu. On ne veut pas attendre encore cinq ans.
[rire]
Quels artistes ou styles inattendus vous inspirent en dehors du metal ?
James – Je pense que c’est très varié. Beaucoup de musiques électroniques nous inspirent. En ce moment, Acle est obsédé par Lone.
Dan – Moi aussi.
James – Oui, plein de choses synth-wave. The Midnight. Peut-être un peu kitsch ?
Dan – Pour toi peut-être. [rire] Moi j’écoute pas mal de pop contemporaine aussi, parce que les chanteurs dans ce milieu font souvent des choses nouvelles et intéressantes. Donc j’écoute, je regarde ce qui se fait, juste pour m’inspirer et tester de nouvelles choses avec ma voix. J’aime toujours expérimenter. C’est un bon terrain pour ça.
James – Je pense que beaucoup de choses peuvent nous inspirer en termes de textures et d’ambiances. C’est quelque chose auquel on fait très attention. J’adore le metal, beaucoup de metal, mais je ne sais pas si le metal moderne influence vraiment là où va Tesseract. Ce sont plutôt des choses en dehors du genre.
Je vais conclure avec la question qu’on pose toujours à la fin : avez-vous un message pour vos fans ?
Dan – Oui, bien sûr. Continuez à soutenir Tesseract, parce que sans vous on ne peut pas faire ça. On ne peut pas continuer à grandir et à faire des choses incroyables. On a une fanbase qui nous suit depuis longtemps et on ne vous décevra pas.
James – Oui, on est vraiment reconnaissants pour votre soutien. Merci !