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Interview : Eden Bisiot & Jenny Bisiot

VANDEN PLAS

VANDEN PLAS

Juin 2025

Vanden Plas nous parle de leur carrière, de leur récent album et de leur passage au Heavy Weekend !

Figure emblématique du metal progressif allemand, Vanden Plas était de passage au Heavy Weekend Festival pour défendre The Empyrean Equation of the Long Lost Things, leur dernier album aussi théâtral que profond. Andy Kuntz, Stephan Lill et Andreas Lill nous ont accordé un moment complice, évoquant la longévité du groupe, leur processus créatif, et leur lien unique avec le public français.

Et puisqu’on ne parle pas que musique, ils se sont aussi prêtés à notre format « Action ou Vérité » — avec une bonne dose d’auto-dérision et quelques révélations inattendues.


👉 Découvrez la vidéo ici : Action ou Vérité

Bonjour à tous ! On est aujourd’hui avec Vanden Plas.
Vous avez joué hier au Heavy Weekend Festival — quelles ont été vos impressions ? Qu’avez-vous pensé du public ?
Andy – Pour moi, c’était incroyable. La dernière fois qu’on a joué dans un cadre aussi grand, ça remonte à sept ans ou plus. On ne joue pas si souvent avec le groupe — on a surtout fait des productions théâtrales, avec peut-être mille personnes dans une salle, mais c’est complètement différent. Là, dans un grand stade comme ça, c’était très impressionnant. Et les réactions du public ont été formidables, très chaleureuses et bienveillantes.


Vous préférez l’ambiance d’un festival ou celle d’un concert classique en salle ?
Andreas – Les deux.
Andy – On aime les deux, pour être honnête. On a fait trois types de concerts récemment : à Lyon, on a répété devant 50 personnes dans un club de 30 mètres carrés. Ensuite, on a joué dans des clubs de 350 à 450 personnes. Et tout ça, c’est génial. On est un groupe qui a évolué au fil des années, et on n’a pas peur de jouer dans n’importe quel contexte. Les formats intimes sont super, mais quelque chose comme ça, en plein air — on le ressent vraiment sur scène. C’est très spécial.


Votre dernier album, The Empyrean Equation of the Long Lost Things, est sorti en avril. Quels retours avez-vous eus jusqu’à présent ?
Stephan – Les critiques ont été excellentes. Les gens attendaient vraiment un nouvel album. Et comme on a eu un changement de line-up, on a ressenti un peu de pression en l’écrivant. On avait déjà composé presque tout pour The Ghost Xperiment et les deux disques précédents, donc on avait l’habitude. Mais quand on a écrit le nouvel album, Alessandro n’était pas encore dans le groupe. Les morceaux étaient déjà terminés. On a dû les lui présenter ensuite et travailler avec lui pour les adapter, notamment au niveau des claviers. Cela dit, dès la composition, on sentait que ce serait quelque chose de spécial. Notre état d’esprit était un peu différent des albums précédents. Par exemple, j’ai composé une pièce instrumentale, et on a décidé de commencer l’album avec. La dernière fois qu’on avait fait ça, c’était en 1997 avec The God Thing — il y a près de 30 ans. Et on s’est dit : pourquoi pas ? On fait du rock progressif, donc on peut se le permettre. Alors on l’a fait. Et ce morceau instrumental finit avec une sorte de refrain — on s’est dit “allez, on y va”. Ensuite, on a décidé de composer un dernier morceau d’environ 15 minutes pour clôturer l’album. On a vraiment voulu apporter quelque chose de spécial à chaque chanson. Et je crois que les gens l’ont ressenti. Il y a toujours des morceaux plus “accessibles”, comme My Icarian Flight, notre single, mais aussi des morceaux comme Sanctimonarium, qui dure 10 minutes — on l’a joué hier. On a tenté quelque chose de nouveau, et les gens l’ont accepté et apprécié.
Andy – Et la presse aussi. On fait tout ça pour nous — on ne devient pas riches, on ne devient pas célèbres. On le sait. En tant que musiciens, la seule chose à faire, c’est de suivre sa vision. Et si les fans et la presse aiment aussi, c’est un vrai cadeau.


On est ici à un festival metal. Que pensez-vous du retour en force de la musique heavy ces dernières années ?
Andy – J’adore ça. Aujourd’hui, je suis venu pour voir Slipknot et Mass Hysteria. Je suis très curieux de les entendre chanter en français, ces gars ! J’aime la musique heavy, mais j’aime aussi des styles très différents. J’ai des goûts musicaux très larges — et c’est une bonne chose.


Ce sera la première fois que vous les verrez en concert, Slipknot et Mass Hysteria ?
Andy – Oui, pour moi, ce sera la première fois pour les deux.
Stephan – Moi, je n’ai vu ni l’un ni l’autre non plus. J’ai vu Slipknot une fois en première partie de Metallica, il y a des années. Mais ce n’était pas une grosse production — rien à voir avec ce qu’ils peuvent faire. Quand tu regardes leurs vidéos ou les DVD live, tu comprends leur puissance scénique. Donc j’en attends beaucoup ce soir. Je suis un grand fan.


Je les ai vus en décembre dernier à Paris, pour leur concert anniversaire — c’était fabuleux. J’ai hâte de voir comment ils adaptent ça à un festival.
Stephan – On verra si la scène est encore debout après… ou si elle est en feu !
[Rires]


Vous êtes actifs depuis le milieu des années 80. Comment avez-vous vu évoluer l’industrie musicale, notamment pour les groupes de metal progressif ? Et quels ont été les plus grands changements à intégrer ?
Andy – On peut parler de Spotify. C’est bien dans un sens — tu touches plus de monde. Quelqu’un écoute un groupe, et Spotify propose d’en écouter un autre. Tu peux atteindre plus d’auditeurs. Mais tu ne gagnes pas d’argent avec ça. Et aujourd’hui, c’est rare que quelqu’un dise “j’aime tellement ce groupe que je vais acheter le CD”. L’industrie musicale s’effondre sur ce point, parce qu’il n’y a plus de ventes physiques. Nous, on en dépend. Je ne veux pas dire que Spotify, c’est de la merde, mais c’est dur pour les groupes comme nous, pas très grands.
Andreas – Par contre, le vinyle revient un peu. Nos fans — souvent de plus de 50 ans — adorent ça. Les gens recommencent à collectionner. Ils aiment le vinyle, son toucher, son son. Il y a une vraie demande. Ce n’est pas un marché énorme, mais il n’existait plus il y a 10 ans.
Andy – Et si un groupe intéresse assez pour que les gens veuillent acheter ses vinyles, c’est génial.
Stephan – Mais la musique a perdu beaucoup de valeur. Les jeunes ont grandi avec l’idée que la musique, c’est gratuit. Et c’est ça, le problème. On la trouve partout, gratuitement, et les gens s’y habituent. C’est différent pour les concerts — le public grandit. Mais dans notre école de musique, on donne des cours à des jeunes, et quand on leur demande leur groupe préféré, ils répondent : “Je n’en ai pas.” Ils écoutent de la pop ou du rock, mais sans attachement. À l’époque, nous, on disait : “Iron Maiden”, “Saxon”… on avait les CD, les vinyles, les cassettes. Aujourd’hui, ils ne connaissent même pas les titres des morceaux. Le lien avec les groupes s’est perdu. Dans le metal, c’est un peu différent : certains jeunes connaissent bien leurs groupes. Mais en général, ils écoutent de tout et connaissent vaguement les artistes, sans savoir citer un seul titre. Ce n’est pas leur faute. C’est l’époque qui veut ça.


C’est exactement ce qu’on se disait : les gens écoutent la radio sans chercher à découvrir de la musique. Le retour du vinyle peut les pousser à explorer de nouveaux groupes.
Andreas – Ce qui revient aussi, c’est l’envie de vivre la musique en live. On pensait que le public vieillirait et ne viendrait plus aux concerts. Mais finalement, c’est mieux maintenant. Peut-être que les enfants sont grands, et les parents ressortent. Pour nous, jouer en live est essentiel. Comme disait Lemmy : “Tu n’es un vrai groupe que si tu joues sur scène. Sinon, tu n’es qu’un projet.”

C’est très vrai.
Andreas – Lemmy a toujours raison.


Quel est le secret de la longévité et de la stabilité de Vanden Plas ?
Andreas – Parce qu’on est ensemble depuis 40 ans.
Stephan – On a eu une petite séparation il y a deux ans, mais sinon, depuis 1990, on a la même formation. On a traversé plein d’expériences ensemble : le théâtre, les tournées, les premiers CD… Toujours avec les cinq mêmes personnes. Et le fait d’avoir deux vies musicales — Vanden Plas et le théâtre — ça nous a permis de rester soudés. Sans ça, peut-être que l’un d’entre nous aurait dit “je dois trouver un vrai boulot”, et il aurait quitté le groupe. Mais nous, on vit pour la musique. Grâce au théâtre, chacun a pu vivre en tant que musicien. Dans d’autres groupes, quand seuls un ou deux membres vivent de la musique, les autres doivent souvent partir.
Andy – Un autre secret, c’est que chacun de nous écoute des styles très différents. Mais en tant que groupe, on trouve toujours un terrain commun pour faire une musique que tout le monde aime. Et ça aussi, c’est un secret… ou peut-être juste un heureux hasard.

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