En ce jour froid d'hiver, quoi de mieux qu'un bon café chaud, un endroit douillet et de la bonne musique pour se sentir réconforté et heureux ?... Un single de Geisha Skills, évidement ! Parce que de la musique, certes, mais avec ce goût d'excellence d'un chocolat raffiné dans la soucoupe, près de la tasse fumante...
Geisha Skills nous offre aujourd'hui l'amertume tant aimée du café et la douceur du chocolat. Son nouveau single 'Alone With My Pains' commence par des notes impeccables et envoûtantes à la Satriani. Il nous embarque immédiatement avec lui, les oreilles ravies et l'esprit vagabond... Mais où nous emmène-t-il? Alone, oui, à cet instant je le suis, totalement dans la bulle du morceau, transportée, hermétique du monde, bien, si bien... Quelle douceur... Pourtant, très vite on y perçoit de la vraie solitude, de la mélancolie, la musique se veut alors plus saturée et entre un peu plus profondément en moi, face à moi, mes démons, mes monstres sous le lit, mes souvenirs, mes douleurs, mes peines... Pour autant, je suis bien là, je reste dans ma bulle, appréciant chaque note de ce single fort d'une maîtrise incroyable de la musique... Elle me parle, histoire sans paroles, poème magnifique sans un seul mot et pourtant, moi j'y entends mon âme parler sans s'arrêter... Geisha Skills est, à ne pas en douter, le meilleur écrivain sur des pages de portées. Vous l'aurez compris, on tombe très vite sous le charme de ce morceau et de ses paradoxes. Allez sans plus attendre découvrir le dernier single de Geisha Skills 'Alone With My Pains', vous en sortirez transcendé ! Chapeau bas à l'artiste... Y'en a un peu plus, ma p'tite dame, j'vous le laisse ? Sachez qu'il y a peu, nous avons eu l'honneur d'interviewer Mr Geisha Skills qui s'est confié avec passion sur sa dernière acquisition, une guitare 'LeoCustom', créée sur mesure, corps et matériel, afin d'épouser son rêve de guitare unique, âme soeur de son talent, faite juste pour lui. Mais je vous laisse découvrir tout cela dans la vidéo ci-dessous, transcrite (encore en dessous) pour ceux qui préféreraient la lire (ouais, on ne fait rien à moitié chez Earama). Enjoy !
Earama - On se retrouve aujourd'hui pour parler du prototype de ta guitare. Peux-tu nous présenter le projet ?
Geisha Skills - Au départ, moi je suis endorsé par la marque SolarGuitar et j'ai été approché par un luthier qui veut commencer sa marque. Il s'appelle Léo, il a créé Leo CustomGuitar. Et donc il avait pour projet de faire ma guitare, la guitare de mes rêves. Donc ma guitare signature. Et après de l'utiliser lui pour pouvoir la vendre comme étant un modèle qu'on pourrait customiser. Mais la base de départ serait les bois et les micros que j'aurai choisi. En fait, la personne qui va acheté une guitare custom pourrait changer les couleurs et quelques trucs dessus. Voilà, c'est son projet à la base. Donc j'ai trouvé le projet assez génial et puis c'était super flatteur pour moi. Et donc voilà, là est le premier prototype. C'est de l'Acajou, avec de l'érable flammé, pour le corps. Le manche est en érable flammé, caramélisé. Et devant c'est un érable qu'ils appellent 'burl top' avec le logo Geisha Skills au centre. La tête est renversée en 7 cordes. On est sur du 26-5 et sur un radius de 20 donc c'est très plat, ça va beaucoup plaire aux shredder et pour tout ce qui est Metal moderne. Les micros sont splitables. Je n'ai pas mis de tonalité. Je n'utilise pas de tonalité, en fait, tout est en blend. On peut spliter les micros, comme ça, ça donne une belle variété. Et ici on est sur un trois positions. J'ai préféré un 3 plutôt qu'un 5 parce que ça me donne 6 possibilités... 6 types de micros plutôt que juste 5. Le Hardware c'est du Hipshot. Donc c'est du custom aussi. Et là, on est sur un prototype parce que derrière, il reste encore à travailler sur le... Parce que j'ai pris un peu de poids donc je lui ai demandé qu'il enlève un peu plus de bois ici, qu'on arrondisse là... Là, la plaque va être plus grosse, elle va avoir la même couleur et le même type de bois que sur l'avant. Ca fera un petit rappel derrière. Et ici on va creuser pour un meilleur accès aux aigus. Mais grosso modo voilà, on y est. Ca ce serait la base. Et la personne qui voudrait une custom par dessus pourrait changer les couleurs, pourrait mettre un burl top ou un autre type de flame. Il pourrait y avoir une autre couleur ici (le manche). Il pourrait y avoir de l'ébène. Voilà. Mais on tournerait autour de cette forme. Et il pourrait l'avoir en 6, aussi. En 7... En 8, pourquoi pas ! C'est le premier prototype et ça en envoie plutôt pas mal !
Earama - Quel effet ça fait de l'avoir en mains, là ? D'avoir réalisé, maintenant. De pouvoir la tenir.
Geisha Skills - Alors c'était assez jouissif de l'avoir la première fois parce que la qualité d'assemblage et de travail sur les bois... Il faut savoir qu'il fait tout à la main. Donc il a enlevé tout le bois à la main, le manche il l'a creusé à la main... Donc il met un peu de temps mais par contre, quand on l'a, on a LA guitare de ses rêves en fait. Et surtout, par rapport au prix, aux autres marques sur un custom... Si j'avais voulu que Mayones me fasse une guitare comme ça, j'en aurait payé 4 000 ou 5 000 € ! Une guitare avec cette qualité de bois... Là on est sur une guitare qui va coûter dans les 2 000 € maximum. Donc il reste au plus près du prix pour de jeunes musiciens qui voudraient se faire vraiment plaisirs ou même des musiciens professionnels, mais avec des prix cohérents. Parce que vous voyez PRS ? Des guitares à 15 000 € ! Il n'y a pas une guitare au monde qui vaut 15 000 €. Voilà. On paie le nom 'PRS' mais ça ne vaut pas le coup, quoi.
Earama - Surtout là, effectivement. C'est du travail d'orfèvre. Comme tu le disais, tout est fait à la main. Vraiment, on a un boulot de luthier de bout en bout, d’ébéniste, de tout ça.
Geisha Skills - Surtout, le projet démarre sur une feuille. Donc vous allez le voir, vous allez partir d'une feuille blanche. Si vous voulez un custom de A à Z, vous partez sur une feuille blanche, vous allez parler avec lui suivant votre style, suivant les sons que vous chercher, le type de bois qu'il va aller rechercher. Donc c'est assez magique de voir la création de la guitare parce qu'au départ, on a été cherché... Pour le manche, je voulais un manche Roasted Maple, donc un manche caramélisé. Donc on a été cherché dans plusieurs bibliothèques de bois le plus joli, celui qui avait le meilleur rendu et ensuite il a commencé à le travailler. Il me disait que c'était comme du beurre de passer les ciseaux dans le bois. C'était magique, la création où petit à petit on voit le bébé arriver. C'est... C'est plutôt jouissif.
Earama - Et ça fait combien de temps que vous travailler dessus ?
Geisha Skills - Alors, quand il est venu me voir au départ je lui ai demandé de travailler sur 2 nouveaux projets. 2 manches. Donc il m'a refait des manches de guitare que j'avais déjà mais dont je n'étais pas fan. Du coup, quand j'ai vu la qualité de son travail, je lui ai dit « ok, on va se fixer une deadline, comme si j'étais un client en fait », et donc il l'a fait en 3 semaines. Celle-là il l'a faite en trois semaines alors que les manches on a travaillé 2 mois dessus. Il s'était mis un challenge, il a bossé tous les jours. Au bout de 3 semaines il est venu à la maison il m'a dit « Voilà, on y est. C'est le prototype. ». Et on y était, effectivement, c'est une petite merveille.
Earama - C'est magique, c'est vraiment magique. Pourvoir tout millimétrer comme ça, tout choisir... C'est sublime.
Geisha Skills - Franchement, il fait vraiment quelque chose de joli. Franchement je vous le conseille. Mais après, il y a d'autres marques par lesquelles je suis endorsé. Il y a SkullString, par exemple, qui ont fait mon set signature et qui l'ont fait pour d'autre guitaristes. Et pareil, eux ils travaillent... C'est une merveille d'orfèvrerie. Vous choisissez les alliages pour les cordes, les tailles... Tout est custom et quand vous commandez un set de cordes, le set de cordes il est fait la veille ! Et ensuite il est posté. Et vous avez l'alliage que vous voulez ; soit c'est Stainless Steel, soit du Nickel... Selon les bois utilisés sur la guitare vous changez les types d'alliage de cordes. Le son est totalement différent. Pareil pour les pédales. Je suis avec Radikal Audio. Et Radikal Audio, quand je veux une pédale bien particulière ou une pédale qui n'existe plus, par exemple des années 70 pour avoir un son précis, il va la fabriquer. Donc il va m'envoyer le prototype. Je vais jouer avec, je vais avoir un son très particulier. J'adore cette démarche ! Comme je suis un peu fanatique sur le son et que je suis tout le temps à la recherche du son que j'ai dans la tête et que je n'aurai jamais, de toutes façons, comme tous les guitaristes. Donc voilà, je suis toujours à la recherche de nouveau matériel, de nouveaux process... Et les marques qui me suivent sont aussi dans cette démarche de vraiment atteindre la perfection et j'adore ! SkullString, une merveille, je vous le conseille. SolarGuitar, c'est une autre démarche mais j'adore les guitares de Solar ! Mais LeoCustom là on est vraiment dans le custom-custom ! Vous allez chercher votre perle à vous que personne d'autre sur la planète n'a.
Earama - Oui, c'est vraiment un modèle unique sur tous les points ; le corps de la guitare, le matériel utilisé... La totalité des choses, vraiment.
Geisha Skills - Mais tout ! A tel point que l'on travaille sur comment il va creuser la guitare pour qu'elle s'adapte sur mon corps à la perfection. Comme j'ai pris un petit peu de poids... Mais voilà, on est vraiment dans le bout du bout du bout !
Earama - Vraiment, quand tu ressors de là, tu as la tienne, quoi. C'est très personnel. C'est magique.
Geisha Skills - Oui, oui. Puis après, ça sonne d'une certaine manière. Avec les cordes que vous mettez dessus, qui pareille, ont été faite pour vous, ça sonne d'une certaine manière. Puis vous allez travailler sur vos pédales... Enfin, c'est votre son, de toutes façons.
Earama - Il n'y a pas que l’esthétique finalement, donc tout est vraiment poussé. Tu nous as d'ailleurs dit que tu étais endorsé par plusieurs marques ; est-ce que tu peux nous en parler un peu plus et nous dire combien de temps ça fait que tu travailles avec ces marques ?
Geisha Skills - Pour mon petit historique, moi je suis revenu à la musique il y a 3-4 ans, on va dire. Et j'avais pour projet de remonter mon ancien groupe avec qui on tournait quand j'étais plus jeune. Mais bon, on a tous vieilli maintenant ; on est tous papa, on est tous mariés, on a tous des vies donc pas vraiment le temps. Et je me suis dit « ok, je pars dans mon propre projet, je vais tout faire, je vais jouer tous les instruments ». Et maintenant avec internet on a la facilité de produire et surtout de sortir avec les réseaux sociaux. Donc je l'ai fait. Et au fur et à mesure que j'ai grossi sur les réseaux sociaux et que ma musique a commencée à plaire, j'ai été contacté par certaines marques, j'ai rencontré certaines personnes. Et petit à petit, de fil en aiguille, c'est arrivé à ce qu'il y a... Un an – un an et demi, j'ai été endorsé par SolarGuitar et là ça m'a mis vraiment un kick au niveau de l'exposition. Parce que les gens se sont dit « Ah mais si une marque comme Solar lui fait confiance, peut-être qu'on va écouter ce qu'il fait ». Donc, il y a eu beaucoup de gens qui ont commencé à venir écouter ma musique. Enfin beaucoup... C'est tout petit, hein, je ne suis pas une grande star mais il y a commencé à avoir du trafic sur Spotify, sur Itunes, sur les réseaux sociaux. Et de fil en aiguille, il y a eu la marque de pédales. J'ai rencontré le créateur, j'ai trouvé sa manière de travailler fantastique ; lui, il a aimé ma manière d'imaginer le son et la musique. Du coup, ça a matché. Pareil, pour Skull String, j'en jouais déjà avant et je trouvais cette marque géniale. Et j'ai eu la chance de rencontrer Gwen, et donc on a discuté, ça a matché et puis voilà, j'étais endorsé. Elle, elle a vraiment une idée bien spécifique du business ; il faut que les gens adhèrent à sa manière d'imaginer la musique, le pourquoi telle corde ou voilà. Si jamais vous rentrez dans ce modèle-là, vous aller lui plaire, ça va matché. Si vous êtes juste quelqu'un qui dit « je veux être endorsé pour avoir des cordes gratuites », ça ne sert à rien. Et pareil, j'ai été endorsé par une marque de médiator qui m'ont fait mon médiator dans la matière que je voulais, l'épaisseur que je voulais, la couleur... Donc volà, je suis avec 4 marques et ça fait une petite année et demi.
Earama - Ca doit être un vrai bonheur de travailler avec tout ça, du coup. Tu as vraiment ton matériel personnel, adapté pour toi.
Geisha Skills - Moi je suis un enfant gâté, oui !
Earama - Et tu disais que tu avais appris à tout faire toi-même au niveau musical ?
Geisha Skills - Oui... Quand j'étais plus jeune, comme on ne gagnait pas vraiment notre vie en tournant et en vendant des CDs, je donnais aussi des cours de guitare, de basse. Et ce que j'ai appris là c'est à programmer les batteries. Puisqu'au début, quand j'ai démarré le projet, j'avais un batteur avec moi. Et le chemin de vie a fait qu'il a ouvert un restaurant ; il est parti de son côté. Mais les premiers morceaux que j'ai sorti sur mon EP sont avec un vrai batteur. Et les morceaux qui sont sortis par la suite, ce sont des batteries qui sont programmées.
Earama - C'est excellent ! Parce que là, il y a déjà du travail ! Si tu veux un beau rendu sur une batterie comme ça, de toutes façons, il faut bien connaître, il faut bien avoir bûché le truc.
Geisha Skills - C'est surtout au mix. Parce que comme je fais tout tout seul, que ce soit de la pochette, à la création, à l'idée du morceau, à tout le mix, le master... Je fais tout de A à Z. Donc voilà. Je fais ma com après sur les réseaux sociaux. C'est ce qui me prend le plus de temps et ce qui m'ennuie le plus, au finale. Mais le process de création, en fait, comme je suis seul, ce qui est bien c'est que, déjà, je vais où je veux, avec la musique que je veux... Si mon feeling, c'est de faire un truc ultra violent, ce sera ultra violent. Je n'ai pas un batteur qui me dit « non, je n'ai pas envie », je n'ai pas un bassiste qui me dit « non, ce n'est pas mon style ». Voilà. Donc je vais tout seul là-dedans et souvent, mon process de création, ça part d'une image, ou d'un sketch, ou d 'une couleur, d'une émotion et je me fais un petit film et ensuite, par la musique, je colle à ce petit film. Comme si ma musique c'était une BO. Et dans tous les morceaux instrumentaux que j'ai fait – il doit y en avoir une dizaine qui est sortie, là – ils ont tous une histoire. Et j'ai pour projet d'ici l'année prochaine – j'aurai dû le faire cette année mais la vie a fait que je n'ai pas eut beaucoup le temps – j'aimerai faire un petit fascicule, un peu comme si c'était l'intérieur d'un CD mais comme maintenant tout est dématérialisé... Le physique n'existe quasiment plus... J'aimerai donc faire un mini fascicule avec le petit code pour Spotify avec à côté le petit texte explicatif de l'histoire qui amène à ce morceau. Et donc à savoir si les gens qui ont écouté ce morceau ont été dans le même univers où j'étais quand j'ai écrit cette chanson.
Il y en a un qui s'appelle « The Birth », bon, c'est l'année de naissance de ma fille et toutes les personnes à qui je l'ai faite écouter en lui disant « Écoute, ça c'est le jour de la naissance de ton enfant. Ecoutes. » à chaque fois, on m'a dit « Ça match, j'y étais, je l'ai revécu ». Il y a des petits truc comme ça... Donc ça c'est mon process. Une fois que j'ai fait le sketch dans ma tête, je fais les instruments. Et après démarre le travail de mix et de master. Ou voilà, à la base, ce n'est pas du tout mon métier. De morceaux en morceaux je progresse dessus mais j'y passe des plombes ! Pour enregistrer la partie guitare ça me prend 2 heures et pour faire le mix ça me prend 10 jours.
Earama - Ça paraît logique, effectivement. Il y a énormément de travail derrière de toutes façons.
Geisha Skills - Oui, le travail de post-prod il est long, il est fastidieux. Mais, à la fin, quand je sors le morceaux, je suis content du résultat et je vois tout le chemin que j'ai traversé en fait pour arriver là... Bah c'est plutôt cool !
Earama - C'est une vraie fierté à la fin. Et tu as donc ton propre studio ?
Geisha Skills - Là, vous y êtes. C'est mon Home-Studio.
Earama - Et par curiosité simple, combien as-tu de guitares ?
Geisha Skills - 30 ! J'ai 8 Ampli, j'ai 4 type de baffes avec plusieurs micros pour les enregistrer mais... Je ne les utilise plus trop. Déjà parce que les voisins ils n'apprécient pas trop quand ils ont l'impression qu'un avion se crash à côté. Donc maintenant, j'enregistre directement les têtes dans l'ordinateur et j'arrive à émuler les baffes. Maintenant, ça a tellement progressé dans ce milieu-là que vous pouvez avoir le même son que si c'était votre baffe, dans l’ordinateur. Donc j'enregistre les guitares et les basses comme ça. Ensuite je programme les batteries. Puis je vais chercher des samples ou je les créer. Ou je fais les sons avec les guitares, ou avec des micros que je re-trafique pour avoir les ambiances que je veux avoir... Voilà. Après je les joue au clavier. Et voilà. C'est le process. Et ce que j'avais fait et que je continue à faire maintenant c'est que, un morceau que je sors sur deux, est fait en collaboration avec un chanteur. Donc j'ai eut un chanteur canadien, un chanteur suisse... Bah Patknot, que vous connaissez, qui est avec vous aussi, qui a déjà fait deux morceaux avec moi et avec qui je vais certainement faire un EP bientôt. Il y a l'ancien chanteur du groupe dans lequel j'étais plus jeune, qui est déjà venu faire deux morceaux avec moi ; il y a un autre chanteur d'un groupe de Metal qui est assez gros qui s'appelle Eryn Non Dae (M4th), qui est assez violent et très dur, qui est quelqu'un que je connais depuis qu'il est tout jeune, qui a fait, pareil, une collab' avec moi. Donc voilà, je sors à chaque fois ces morceaux ; un coup c'est une instru, où là je vais où je veux, un coup on fait une collab', où là c'est mon univers qui vient percuter le leur et le mélange des deux nous amène au morceau, en fait.
Earama - C'est assez amusant de voir les deux côtés du process ; il y a un côté perso où tu as vraiment besoin de ressortir ce que tu as, toi, et de peaufiner chaque millimètre pour que ça te ressemble complètement – un peu comme ta guitare, finalement – Et en même temps, avec les featuring, le fait de partager cet univers, de faire venir un autre univers à toi et voir ce que ça donne !
Geisha Skills - J'adore le partage, moi. Parce qu'à la base, la musique ce n'est pas fait pour être tout seul dans sa chambre, quoi. Et maintenant la vie fait que, avec déjà mon âge, mon travail et tout ça, je ne pars plus en tournée, je ne vais pas faire des scènes à droite – à gauche donc il n'y a plus ce partage-là. Mais par-contre, m'enregistrer avec un chanteur, de repartir dans l'émulation de 'regarde ce que j'ai fait ! » ou « attends, j'ai une idée », « ok, je re-créé » et ça repart... Ce partage-là, finalement, c'est ça la musique ! Bien souvent, j'amène l'instru au chanteur et ce qu'on en fait, à la fin, ça n'a rien à voir avec l'instru du départ, quoi. Mais le process est super intéressant !
Earama - Très bien. As-tu quelque chose à partager avec nous concernant des projets arrivant prochainement ?
Geisha Skills - Alors, prochainement, le 17 Novembre j'ai une nouvelle instru qui sort. C'est une instru qui est très personnelle, assez lente, assez triste, finalement. Une ambiance assez sombre pour quelque chose de bien particulier qui m'appartient. Les mois prochain, normalement, le mois de Décembre, je sors un morceau avec lowmthrfckr, qui est le chanteur qui était avec moi avant, en fait, et avec lequel j'ai fait 'Play It Tricky'. Et là on en sort un qui est plutôt violent, plutôt Néo-Metalcore... Assez jumpy au final, qui est fait pour sauter partout ! Normalement, pour Janvier, le morceau est déjà mixé, il me reste à le masteriser ; une nouvelle instru arrive ! Et si tout se passe bien, en Février, j'ai un morceau avec lowmthrfckr qui va être avec Patknot ! Et en fait, ça va être le mélange des deux qui va nous amener à quelque chose de plutôt... Très violent. Plutôt Periphery, 'Blood Eagle'. Vous voyez cet univers-là ? Voilà.
Earama - C'est donc un morceau qui risque d'aller loin !
Geisha Skills - Je l'espère ! L'instru est déjà faite et les deux chanteurs sont tombés amoureux de l'instru et m'ont dit « je la veux pour moi »... On s'était dit avec ces deux chanteurs-là que maintenant ils étaient résidents avec Geisha Skills donc maintenant, quand je sors un morceau qui leur plaît, s'ils me disent « c'est pour moi », c'est pour eux ! Donc je l'ai faite écouter aux deux le même jour, les deux m'ont dit « C'est pour moi ! ». J'ai dit « Impeccable, on s'fait une collab à trois et on y va ! »
Earama - On est impatients de découvrir tout ça !
Geisha Skills - Alors ça c'est jusqu'en février. Après, tout ce que je vais créer d'ici-là...
Moi je m'étais fixé comme objectif l'année dernière de sortir un morceau tous les mois. Donc il y a juste le mois d'Août où je n'ai rien sorti. Sinon, de Septembre à Juillet, est sorti un single tous les mois. Et là, c'est reparti ! On repart à partir du mois prochain.
Earama - Eh bien bravo, parce que c'est déjà beaucoup de travail !
Geisha Skills - Merci ! C'est moins de travail que si j'avais voulu faire un album, mais c'est surtout la manière de consommer actuelle. Si vous voulez exister, en fait, il faut tout le temps être là. Donc, plutôt que de sortir un album 10 titres d'un coup, je sors un album 10 titres avec un morceau tous les mois, pendant 10 mois, je suis là. Pendant 10 mois, je peux venir avec quelque chose de nouveau tous les mois, en parler, sortir... Et au bout de 10 mois, de toutes façons vous aurez le 10 titres dans les mains.
Quand j'ai sorti mon premier EP en Janvier 2020, j'ai sorti le 6 titres et je me suis aperçu que les gens l'écoutaient... Enfin, certains aimaient, écoutaient les 6 et les enregistraient, et d'autres écoutaient le premier, des fois la moitié du deuxième, puis après ils passaient à autre chose. Parce qu'écouter 40min un album de quelqu'un qui est inconnu au bataillon, qui vient d'arriver, avec qui peut-être vous avez eu une discussion sur Instagram, qui vous dit « je fais de la musique, écoute »... Bah vous écoutez un morceau, ouais, peut-être, le deuxième, ouais, peut-être puis vous zappez. Pour l'algorithme de Spotify, par exemple, tout ce que ça veut dire c'est que votre album il n'est pas assez intéressant pour qu'on le pousse. Alors que si vous sortez un single, ça dure 3min. La personne l'écoute. Si ça lui plaît, elle l'enregistre ; si ça ne lui plaît pas, elle zappe. Mais l'algorithme se dit « Ok, le morceau a été écouté, je vais continuer à le pousser ». Et donc, vous continuez à exister pendant 10 mois, donc vous faites grossir la base. A part tourner, c'est le seul moyen que maintenant, on a, en tant que musiciens, pour exister.
Earama - Oui, c'est une adaptation à tout ce monde et à cette nouvelle façon de faire, finalement.
Geisha Skills - C'est ça, c'est la nouvelle manière de consommer. Avant, il y avait des séries, on achetait des DVDs complets... La saison complète en 24 DVDs. Maintenant, il y a Netflix. Donc maintenant, vous bouffez une série en trois minutes, vous allez picorer sur autre chose, vous regardez un épisode d'un autre... Et vous êtes tout le temps sollicité pour de la nouveauté. Avant, moi j'étais fan de Korn (je suis toujours fan de Korn, d'ailleurs), l'album qui est sorti dans les années 2000, pendant un an, je l'ai bouffé tous les jours. Le dernier album de Korn qui est sorti j'ai picoré trois chansons et je l'ai oublié parce que derrière, tous les groupes qui suivaient ont sorti un album. Donc j'avais 50 albums à écouter... J'ai picoré les uns, les autres... Et au final, par rapport à la manière où on avait l'habitude de consommer de la musique, maintenant, on picore... On est tellement sollicité partout qu'on ne consomme plus de la même manière. Donc, je pense qu'on est obligé, nous, en tant que musiciens, de nous adapter à la manière de sortir de la musique.
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