Messe triomphale pour Ghost à l’Accor Arena
- Eden Bisiot
- 22 mai
- 5 min de lecture
L’annonce était faite. Le 13 Mai, l’Accor Arena allait accueillir l’un des groupes les plus emblématiques de la scène religieusement rock dans son antre historique. Par chance, j’ai pu me rendre sur place en tant que presse pour admirer ce show aussi majestueux qu’excentrique.

Je suis arrivée dans la file des gradins aux alentours de 18h45, pour y trouver une foule de fans aux looks et costumes soignés. Nous avions affaire à un défilé de mode plus qu’à une entrée de concert. Une fois les premières portes passées, nos téléphones ont été mis dans des pochettes en tissus, pour s’assurer que chacun prenne plaisir à l’expérience et vive dans le moment, “right here, right now”. Une entrée qui s’est faite plutôt rapidement, en particulier comparé à des shows précédents dont les soucis d’organisation dépendaient (je pense) de la salle elle-même et non de l’équipe du groupe.
Une fois installée à mon siège, j’ai eu peur que l’attente soit longue sans technologie pour m’occuper, ni même l’heure pour savoir quand allait commencer ce show si attendu. Mais j’ai eu la bonne surprise d’assister à une foule qui interagissait, à des gens qui se parlaient, qui faisaient connaissance, qui s’amusaient. J’ai même pu repérer deux fans au balcon O qui faisaient danser leurs peluches de Papa Emeritus IV, entraînant toute la fosse dans sa petite danse.
A chaque mouvement de lumière, chaque rideau tiré, la foule se mettait à hurler. Mais c’est lorsque les lumières se sont éteintes qu’elle s’est alors déchaînée.

C’est avec Peacefield que le groupe tant attendu entre sur scène, sous la joie bruyante de ses admirateurs. Au bout de quelques vers, les rideaux se lâchent pour laisser apparaître une scénographie aussi sublime que surprenante : des jeux de lumière à nul autre pareil, une scène mettant en avant chacun des musiciens sans en négliger un seul, des rampes de lumière formant la croix si connue du logo de Ghost en biais juste au dessus… Que d’éléments stupéfiants pour démarrer un show, mais le plus beau étant que nous n’étions pas au bout de nos surprises.
Dès le premier titre, celui que l’on connaît dorénavant sous le nom de Papa Perpetua, lança un “Paris, que la fête commence !” d’un français parfait.
La scénographie avait plus d’un tour dans son sac : des feux d’artifices, des flammes, une église laissant apparaître le diable sur les vitraux s’affichant à l’arrière de la scène sur Devil Church puis disparaissant sur Kiss The Go-Goat… La liste des surprises est si longue tant le show est à la hauteur de sa réputation !

Aucune fausse note de la part des musiciens, délivrant chacun une énergie aussi communicative qu’admirable, et ce même pour notre goule guitariste avec un pied en attelle ! Les looks étant plus que soignés, cette attelle sera d’ailleurs peinte aux couleurs de son costume pour compléter la jambe du squelette. Chaque musicien a eut droit à un costume sur-mesure pour cette tournée, mais c’est Papa Perpetua qui en compte le plus grand nombre, nous offrant même un merveilleux spectacle lors de Call Me Little Sunshine, où il sera au fond de la scène, dans les airs, arborant chape et mitre aussi colorées que parées de dorures. A ce moment précis, le pape gouverne la scène, la mène de haut, nous montrant toute la puissance non pas seulement du groupe, mais d’un lore, de la musique elle-même sur un public dévoué. On retrouvera un costume similaire mais légèrement moins imposant lors de Year Zero, où le leader du groupe slalomera entre pyrotechnie et feux d’artifices, pour le plus grand plaisir des fans.
Mais si les costumes furent aussi fabuleux sur scène, les détenteurs d’un billet ne se sont pas privés non plus ! Lors de Kiss The Go-Goat, on notera un fan plus que dévoué dans les gradins ayant sorti son plus beau masque de bouc, dansant au rythme de la batterie dans un humour décalé mais très apprécié, pendant que le pape du groupe envoyait des baisers à toute la salle.
Et en parlant d’humour, revenons quelques secondes sur la chanson Rats pendant laquelle une fan au premier rang a lancé une petite peluche de Rémi, héros du dessin animé Ratatouille, et représentant français de son espèce, ce qui a beaucoup amusé Papa Perpetua qui a joué avec quelques secondes avant de lui rendre.
Les goules aussi ont pris plaisir à jouer avec le public, faisant hurler un côté, puis l’autre, puis tous ensemble. Un jeu bien connu mais qui plait toujours autant !

Le fait de ne pas avoir de portable sous la main m’a permise de voir une chose que je n’avais jamais vu de ma vie en concert (et pourtant, j’en compte un grand nombre à mon actif) : des briquets dans les airs, par dizaines, à la place des flashs. Du rock’n'roll pur et dur comme on n’en voit plus aujourd’hui, mais qui est pourtant si caractéristique des concerts du genre.
Après un lâcher de confettis concluant Mummy Dust, Papa Perpetua s’est adressé au public, annonçant la dernière chanson de la soirée :
“I know you guys have probably something else to do, it’s tuesday night and you’re here. You guys have shit to do, stuff to eat, wine to drink. [...] We’re almost done but when you come back home, you can tell everyone how fucking great it was to have fun with Ghost !”
"Je sais que vous avez sûrement autre chose à faire, on est mardi soir et vous êtes là.
Vous avez des trucs à faire, des trucs à manger, du vin à boire. [...] On a presque fini,
mais quand vous rentrerez chez vous, vous pourrez dire à tout le monde à quel
point c'était génial de s'amuser avec Ghost !"
Il a ensuite remercié la foule avec un “Thank you for being so nice !”, expliquant que c’était sa première fois à Paris et exprimant sa reconnaissance pour le soutien au groupe depuis toutes ces années avant d'enchaîner sur Monstrance Clock, sur lequel le groupe quittera la scène sur la répétition du refrain couvert par un tonnerre d’applaudissements.

Après une ovation d’enfer d’une salle qui affichait complet, le pape et ses goules reviennent sur scène, avec un discours aussi humoristique que précieux :
“It’s always like this, huh ? They leave, you applause and they come back and play. Predictable, isn’t it ? [...] Usually, they keep the best songs for the end. But we already played all our good songs. So now, we’re gonna play our most shitty songs !”
"C'est toujours comme ça, hein ? Ils partent, vous les applaudissez et ils reviennent jouer.
C'est prévisible, non ? [...] D'habitude, ils gardent les meilleures chansons pour la fin.
Mais nous avons déjà joué toutes nos bonnes chansons.
Alors maintenant, on va jouer nos chansons les plus merdiques !"
“It is ORIGINAL”, dira-t-il avec un accent français très bien exécuté, avant de nous annoncer que ce n’était qu’une blague et qu’ils avaient gardé les meilleures pour la fin. Les rappels étaient donc composés de Mary On A Cross, Dance Macabre et Square Hammer, titre clôturant le film ‘Ghost : Rite Here Rite Now’ qui annonçait l’arrivée du nouveau pape et leader du groupe. Le groupe a pris le temps de saluer le public à de nombreuses reprises avant de quitter la scène de l’Accor Arena.
C’est un concert qu’il est fort difficile de raconter tant c’est une expérience à vivre, et non à lire. L’interdiction des téléphones n’a fait que renforcer cette envie de profiter du moment présent et de vivre ce concert où se mêlent des techniques imparables à un show extravagant, sans en perdre une miette. Toute personne présente ce soir-là pourra vous conter la beauté de ce spectacle, et le plaisir de revivre un concert sans distraction.
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